Doit-on prendre en compte le lecteur quand on écrit ?

Les auteurs, lors de la publication de leur histoire ou de son partage, feront forcément face à l’avis du lecteur. Un élément redouté qui fait pâlir bien des écrivains et des écrivaines, mais qui peuvent aussi les aider. Aujourd’hui, grâce à vos réponses, je vous partage cet article pour savoir si, lorsque l’on écrit, nous devons prendre en compte le lecteur et son avis. Comment pouvons-nous l’inclure dans notre processus? Ou comment pouvons-nous nous en détacher pour ne pas être influencé ? C’est ce que nous allons voir tout de suite !

Ce questionnaire a reçu 25 réponses. Je vous remercie pour tous ces retours et vous invite à ouvrir le débat dans les commentaires !

Prendre en compte le lecteur pour rédiger son roman

Le lecteur a une place importante dans la vie d’un roman. C’est lui qui va être le premier ambassadeur en parlant de sa lecture autour de lui, en communiquant dessus, en envoyant ses retours à l’auteur. Il a même un rôle assez informel, parfois. Et parmi vous, 14 personnes prennent, en effet, cet élément en compte pour leur roman.

Après l’écriture

Prendre en compte le lecteur peut prendre différentes formes et apparaître à des moments très variés. Cependant, la phase pendant laquelle vous êtes plus sensible aux remarques est celle de la relecture, de la correction et de la réécriture. Ici, les lecteurs seront donc avant tous les bêtas-lecteurs, personnes qui lisent le roman en avant-première afin de faire un travail de fond et de forme, en lien avec les attentes de l’auteur. L’auteur choisit d’envoyer son premier jet à ces personnes ou bien de le publier tel quel sur Internet afin d’avoir des retours avant d’entamer la phase de correction. 

Une influence indirecte

Comme nous l’avons évoqué, le lecteur a également une influence indirecte lors de l’écriture du roman. C’est le cas pour moi et pour 8 personnes sur les 14 qui ont répondu à la question suivante : “À quel moment prenez-vous le lecteur en compte dans vos écrits ?” Ici, c’est difficile de décrire exactement l’influence du lecteur puisqu’elle est propre à chacun et quelque peu inconsciente à certains moments. Pour vous donner un exemple concret, il m’est arrivé de me mettre à la place du lecteur en relisant mon texte et d’essayer d’imaginer ce qu’il se dirait devant telle ou telle scène. C’est ainsi que je modifie (ou non) selon mes propres pensées, mes propres projections. D’ailleurs, vous avez été 50% à imaginer ce que le lecteur penserai et 42,9% à vous projeter en tant que lecteur. C’est une influence dont on ne prend pas toujours conscience, mais qui est belle et bien présente. Elle peut d’ailleurs avoir lieu pendant la troisième phase citée qui est celle de la réflexion. Le lecteur va être imaginé, mais peut avoir un rôle de conseiller. Dans ce cas, son rôle de lecteur ne peut lui être vraiment alloué : il devra lire véritablement l’histoire pour le devenir. Pendant la phase de réflexion, ce seront nos pensées en tant que lecteur qui nous guideront, nous influenceront. 

Faut-il tout prendre en compte ?

Des retours qui peuvent inspirer

Devons-nous prendre en compte le lecteur à chaque avis qu’il émet ? La plupart du temps, vous choisissez ce qu’il vous semble important et ce qui ne l’est pas dans les différents avis que vous recevez. “Je prends les retours constructifs sur mon histoire, ceux qui peuvent vraiment faire avancer mon intrigue, mais j’ignore les commentaires de “rageux”, uniquement faits pour démolir mon livre.” Selon plusieurs d’entre vous, les avis aident à “cibler les faiblesses” du roman, autant au niveau de l’histoire que du style. Ils sont également un moteur d’encouragements et peuvent guider, surtout si l’avis est constructif.

Les lecteurs peuvent également “donner des nouvelles idées sur le livre ou sur un possible prochain livre”. Ils ont également “un point de vue tout à fait différent du récit. Le lecteur ne connaît pas le récit comme l’auteur le connaît, évidemment, mais de même, l’auteur ne connaîtra jamais son propre récit comme le perçoit le lecteur.” Les échanges de ce côté sont donc très enrichissants !  Les faiblesses sont donc repérées et modifiées au besoin ou gardées en tête pour un futur roman. “Pour moi, l’écriture est synonyme de partage. Les lecteurs sont au coeur du processus d’écriture et leurs commentaires sont donc très importants.” Il est également une sorte de “ciment de chaque histoire” après l’auteur. 

En règle générale, les avis que vous prenez le plus en compte sont ceux de votre ou vos bêtas-lecteurs. Ils sont aussi, voire plus importants que ceux des lecteurs puisqu’ils vont vous guider dans la finalisation de votre récit.

Se remettre en question grâce aux avis 

La plupart du temps, vous êtes quand même très favorables aux avis et vous essayez de tous les prendre en compte, même s’ils sont contraire à votre opinion. Cela vous permet d’amener une nouvelle réflexion : “nous n’avons jamais toujours raison et même si son opinion est contraire au nôtre il nous permettra de créer une certaine réflexion et donc de s’améliorer”. “Il faut savoir se remettre en question et écouter le point de vue de l’autre pour je pense mieux comprendre ce que vit le lecteur à la lecture.” Cela permet donc un autre point de vue, comme nous l’avons évoqué, mais aussi une amélioration personnelle, du moment que ces différences d’opinions sont constructives.

Après, je ne vous cache pas que vous avez été également nombreux et nombreuses à dire prendre en compte ces avis, sans pour autant que cela implique un changement dans votre histoire. “Cela n’implique pas qu’il y aura forcément un changement, mais un retour est rare et précieux ; aussi, ne serait-ce que par simple respect, je pense qu’il faut s’y attarder un minimum. En deuxième lieu, je prends personnellement la peine de comprendre pourquoi mon lecteur a émis telle ou telle critique car même si, de prime abord, je ne suis pas d’accord, je peux revoir mon opinion, même si c’est juste pour la nuancer : après tout, une remarque n’est pas simplement à prendre ou à laisser ; elle peut être partiellement prise en compte et adaptée.”

Dans tous les cas, vous êtes d’accord pour dire qu’il faut “rester ouvert d’esprit” et ne pas se fermer aux avis d’autrui. Cela ne peut que nous apporter du bon, du moment que c’est constructif, toujours.

Je finirai cette partie par vous faire lire ce qu’a partagé l’un ou l’une d’entre vous pour contrebalancer un peu les bénéfices des avis :

“Dès que l’on choisit de partager ses textes, surtout pour obtenir des retours, le livre devient une sorte de produit et le lecteur, un consommateur. Il faut donc savoir à quel genre de consommateur l’on veut s’adresser car chaque public à ses propres attentes. L’avis d’un lecteur, donc un consommateur, aura plus de valeur s’il fait partie du public ciblé qu’un lecteur qui ne représente pas du tout le lectorat désiré (lequel peut, à ce moment, donner un avis ou un conseil qui n’est peut-être pas le meilleur). Ceci dit, plus qu’un avis, je pense que c’est la tendance des avis dans leur globalité qu’il faut savoir prendre en compte lorsque l’on veut plaire au lecteur moyen de son public visé. Après, je dis ça, mais je fais une distinction entre les textes que j’écris pour moi, pour mon plaisir personnel et qui parfois n’est jamais soumis à un lecteur ; ceux que je veux partager avec les autres ; et ceux que j’aimerais un jour publier.”

Faites-vous, vous aussi, cette distinction entre les textes que vous garder pour vous et ceux que vous voulez partager et publier ?

Prendre en compte les avis, oui, mais sans oublier que vous ne pouvez plaire à tout le monde et en prenant du recul !

Comment écrire sans l’influence des lecteurs ?

Maintenant, comment peut-on écrire sans être influencé par le lecteur, directement ou indirectement ? Et bien, vous faites preuve de concentration pour ne pas penser à l’après, à cette petite voix qui vous dit si le lecteur appréciera ou non telle ou telle situation. “J’écris d’abord pour moi, alors tant que l’histoire me plait et qu’elle va où je le souhaite, je ne m’interroge pas sur le lecteur.” Il est important de canaliser ses pensées pour ne pas se projeter. “J’écris sans me projeter dans l’après et je ne publie plus avant d’avoir terminé (ou d’être bien avancé dans mon récit), ce qui rend les choses plus faciles. Je me fais également de plus en plus cofiance sur mes choix scénaristiques et j’ai compris que, quoi qu’on écrive, on n’obtiendrait pas l’approbation de tous nos lecteurices.” “Je préfère écouter ce que mes doigts me disent.”

“La seule chose que le lecteur peut avoir comme influence sur moi, c’est surement ma motivation à écrire ! Mais rien qui touche à l’univers, c’est vraiment propre à moi.” En effet, le lecteur peut évidemment avoir le rôle du coach sportif qui va vous pousser à écrire. Qu’elle soit réelle ou imaginée, cette personne va être un soutien et un guide pour terminer vos écrits !

Je vous avoue que, personnellement, je n’arrive pas à faire taire la voix dans ma tête. À chaque moment de la création, je me pose des questions sur le lecteur, sur son avis. J’essaye de m’en détacher, mais ce n’est pas évident. Pourtant, quelques uns d’entre vous y arrivent et pour ça, je vous adresse un grand bravo !

Finalement, ce qu’il faut pour ne pas être sous influence des lecteurs, c’est de la concentration, de la confiance en soi et voir ce lecteur comme une personne qui vous encourage. Comment fait-on pour acquérir tout cela ? Et bien, on écrit, encore et encore, on n’abandonne pas !

La place du lecteur dans le récit

Pour terminer cet article (déjà assez long, j’en conviens), je souhaitais aborder la place du lecteur dans le récit car, et nous l’avons vu, il en a bel et bien une. “Le lecteur est un auteur par procuration, c’est un personnage à part entière de l’histoire. Il interagit avec les personnages d’une certaine manière omnisciente et vit avec eux leurs aventures. Donc c’est drôle de les torturer comme les personnages du livre ! #sadique”

Ils sont un moteur, une source d’inspiration, un guide, une aide et peuvent aussi être le déclencheur de changements dans votre façon d’aborder les choses. Même s’il existe des lecteurs un peu trop rageux (il y en aura toujours), il faut plutôt se focaliser sur toutes les personnes qui ont prit le temps de vous offrir un commentaire constructif, qui va réellement vous aider, qu’il soit positif ou négatif. “Je considère [que le lecteur] est important, mais pas essentiel. J’ai déjà entendu dire que l’histoire appartenait aux lecteurs avant tout, mais je ne suis pas d’accord. Je considère que l’histoire m’appartient, j’en fais ce que je veux et je décide si oui ou non je prends en compte les remarques de mes lecteurs.”

Écouter les avis des lecteurs, ce n’est pas toujours donner aux lecteurs ce qu’ils veulent. Rester maître de son roman, c’est aussi savoir quelles sont ses faiblesses et ses forces ainsi que pouvoir modifier ou adapter des éléments qui ont besoin d’être modifiés tout en gardant ce que vous souhaitez garder. Il est important de trouver l’équilibre. “Chacunæ aura sa manière de percevoir et interpréter ce qu’iel lira, donc ne reste qu’à moi de rendre mon texte et mes messages les plus clairs possibles, si besoin – sans oublier qu’il y aura autant de vécu de lecture et d’interprétation que de lecteurice.”

Finalement, soit-on prendre en compte le lecteur quand on écrit ? Et bien, c’est comme vous le souhaitez, en fait 😉

Et vous, comment considérez-vous le lecteur dans vos récits ?

Remerciements

Merci à Zachanariel, M. Martin, Apyre, Mélany Bigot, Madou-Dilou, Baron_nolwenn, L. Williams, Ielenna, Margot Magguili, Sophie Orella, Mébul, Hell, Everest Rhodes et toutes les personnes anonymes qui ont pris le temps de répondre à mes questions !

Pour aller plus loin

Si jamais vous connaissez des articles sur le sujet, n’hésitez pas à les partager. Merci !

This Post Has 2 Comments

  1. Enirtourenef

    Je pense qu’il y a prendre l’avis des lecteurs et prendre l’avis des lecteurs. Prendre en compte sans modifications, comme ça a été dit, et faire le tri dans ce qui est dit. Par exemple il y a des lecteurs qui voudront une histoire d’amour, moi je pars du principe que je n’en écris pas si ça n’apporte rien à l’histoire.

    Après, se détacher complètement de l’avis des lecteurs ou de la projection que l’on fait de cet avis ça peut être compliqué. Je pense qu’il y a toujours un moment où on se dit “si je le tue lui, ça va pas leur plaire” ou “si je la jette dans ses bras, y en a qui vont être frustrés” mais de toute façon, il y aura toujours des mécontents, le récit qui plaît à tout le monde n’existe pas à moins d’être vide de sens. C’est l’histoire de l’homme, de la femme et de la mule que j’ai apprise il n’y a pas longtemps !

    1. Elodye H. Fredwell

      Je suis tout à fait d’accord avec toi, rien ne sert de servir à tous prix les lecteurs si ça dessert l’histoire, mais s’en détacher… ce n’est pas évident !
      Merci pour ton retour 🙂

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