Comment créer les lieux de mes histoires ?

Après la création de personnages, une autre étape m’attire énormément : créer les lieux de mes histoires. Et pour faire ça, pas la peine d’être doué.e en géographie, je vous rassure tout de suite (et c’est une fille qui a placé Lisbonne en Suède au brevet qui vous le dit) ! Aujourd’hui, je vous donne quelques pistes à explorer pour créer des lieux efficaces dans lesquels vos personnages évolueront !

Créer les lieux de mes histoires : fictifs ou réels ?

Créer un monde fictif

Quand on pense fantasy, nous pensons aussitôt création de monde. Mais ce n’est pas le seul genre qui peut avoir besoin d’un monde à part. De mon côté, je trouve cette facette d’élaboration très intéressante, bien que parfois fastidieuse. Souvent, je ne sais pas par où commencer tant il y a de choses à penser. Pour mon dernier projet, j’ai enfin réussi à me poser là où je n’y arrivais pas forcément avant. 

Pour mon roman Remedia, je devais créer tout un univers. Une galaxie entière, à vrai dire,  et son lien avec la nôtre. Mais je n’ai pas commencé par ça. J’ai d’abord construit l’histoire et les personnages. J’ai associé des traits précis à certaines civilisations spatiales pour, enfin, construire un univers crédible, proche du nôtre, mais avec ses propres codes. À force d’avoir potassé le sujet (et lu des articles au sujet de nos découvertes spatiales actuelles), j’en suis même venue à penser que toutes ces civilisations sont en fait, pour la plupart, le fruit de la colonisation de l’espace par les terrien.nes. 

Il y a quelques années, j’écrivais un roman de fantasy qui se passait dans un monde parallèle à la Terre. Les 7 Couronnes avait donc son propre climat, ses propres océans, son propre continent et ses civilisations. Le monde d’Anaïth avait sa propre histoire. Sans mentir, la création était difficile et quand je reprendrais ce récit, je sais que je vais devoir améliorer ce premier jet pour rendre le tout plus crédible. 

Si vous voulez mon avis, quand je peux éviter de créer un monde entier, je préfère largement moduler un lieu fictif dans notre propre univers (je vous en parle dans la troisième sous-partie) !

Utiliser des lieux existants

Toutes les histoires n’ont pas besoin d’un lieu inventé pour exister. Pour certaines d’entre elles, on peut facilement utiliser des lieux d’ores et déjà réels, dans notre monde, pour y faire évoluer nos personnages. Je vous avoue que c’est la méthode que j’utilise le moins : elle me fait toujours l’effet d’être piégée, bloquée dans tout ce que j’aimerais que mes personnages vivent. Je sais néanmoins que certain.es auteur.ices, comme Camille DAVID ou Marvelous, utilisent énormément Google Maps pour se repérer dans des lieux existants. La première a d’ailleurs détaillé son propre processus dans un article très complet, retrouvez le lien en fin d’article !

Pour ma part, n’étant ni à l’aise avec les mondes créés de toute pièce ni à l’aise avec celui qui est déjà existant, je fais un mix des deux : je crée des lieux fictifs dans un univers bien réel.

Un lieu fictif dans un univers réel

Pour créer les lieux de mes histoires, j’adore m’inspirer de ce qui existe et le développer. J’aime trouver une région du monde et créer une nouvelle ville, voire un nouveau pays. J’ai actuellement 3 romans qui utilisent cette méthode, je vais tâcher de vous expliquer comme ça s’est construit dans mon esprit.

Pour ma trilogie dystopique WIRE, c’est une île au milieu de l’Atlantique que j’ai imaginé. Un pays en théorie indépendant, mais tenu secret par les gouvernements russes et américains. Je ne vais pas vous mentir : Svetlana a été conçue parce que j’avais peur. Je ne me sentais ni à la hauteur ni légitime à créer un monde de toute pièce pour mon histoire. Et puis, finalement, pour l’intérêt de l’histoire, je ne le regrette pas. Svetlana demandait quand même certaines contraintes : elle était secrète, perdue au milieu de nulle part, soumise à une météo très différente et surtout placée dans l’hémisphère sud. Vous savez, là où les saisons sont inversées… S’il y a bien un élément que j’ai mis du temps à intégrer, c’est celui-ci ! 

Mon premier roman fantastique était Alexine Lannes, roman qui abordait la découverte de pouvoirs d’une jeune femme de Normandie. Pour cette histoire, je me suis d’abord inspirée de ce que je connaissais (notamment la maison de mes grands-parents) pour finalement la faire partir à la découverte de sa ville d’origine : Horgône. Ne la cherchez pas sur une carte, elle est tirée de mon imagination. Placée près de Lille, c’est une cité médiévale très touristique et qui porte son lot d’histoire. C’est une photo, trouvée sur Unsplash, qui m’a inspiré ce lieu (Eltz Castle, Wierschem, Allemagne). Après quelques recherches sur la typographie de la région, sur les distances avec les autres villes, le centre géographique de mon roman était né. 

Le troisième projet dans lequel j’ai intégré un lieu fictif dans un lieu réel est L’Énigmatique – Café & Salon de thé. Cela faisait longtemps que je voulais écrire sur la Normandie et plus précisément, sur la Manche. Et quoi de mieux qu’un lieu proche de Mont-Saint-Michel pour créer une histoire pleine de surnaturel et de magie ? C’est donc sur la route entre Avranches et le Mont que se place la ville de Lontery-sur-Selune. Et je suis plutôt fière de son nom ! J’ai longtemps chercher comment pourrait s’appeler la ville dans laquelle Lucie, Noam et Edoline vivaient et j’ai donc analysé les noms de ville de mon département. J’ai aussi découvert le Sélune (fleuve qui se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel) et me suis basée sur ce nom pour trouver celui de mon petit village médiéval (oui, encore, j’adore les villes médiévales). 

En résumé, je crois que pour créer les lieux de mes histoires, j’ai besoin d’un cadre réel, mais aussi d’un maximum de liberté. L’idée de créer un nouveau pays ou une nouvelle ville est donc, je pense, la méthode la plus adaptée pour moi. Néanmoins, elle dépend aussi de mes projets !

J’aborde les lieux comme des personnages

Les lieux, pour moi, ils doivent être aussi travaillé qu’un personnage. S’ils sont importants dans l’histoire, ils doivent, eux aussi, transmettre quelque chose de fort au lectorat, au même titre qu’un personnage. 

J’ai longtemps sous-estimé la puissance des lieux, mais elle est pourtant bien réelle. Qu’est-ce qui fait qu’on a tous envie d’aller à Poudlard ? Est-ce vraiment parce que Harry y étudie ? Ou est-ce que parce que J.K. Rowling a réussi à faire de ce lieu un personnage à part entière ?  Parfois, nous avons cette impression que le château est doté d’une conscience, d’émotions : via les portraits, via ses passages secrets, via ses escaliers capricieux… Tous ces éléments font d’un lieu un personnage unique qui va faire évoluer le personnage.

Si au début, je ne portais pas tant d’importance que ça aux endroits dans lesquels mes personnages vivaient leurs aventures, je tends à y faire bien plus attention. À les construire avec plus de détails, plus de profondeur. Par exemple, dans L’Énigmatique, si le bunker et le café sont deux endroits absolument incroyables et vraiment emblématique de l’histoire, j’aimerais aussi pouvoir développer la ville de Lontéry-sur-Sélune. Cela passerait par une description peut-être un peu plus poussée de ses ruelles, aborder ses légendes, raconter ce qui fait vivre son centre-ville… (Bien sûr, cela ne vaut que pour les lieux vraiment importants de l’histoire, nous sommes d’accord.)

Et vous, comment abordez-vous les lieux dans vos histoires ? Prenez-vous le temps de les explorer avant d’y envoyer vos personnages ?

Pour aller plus loin 

This Post Has 2 Comments

  1. Enirtourenef

    Je suis tout à fait d’accord sur l’importance des lieux pour une histoire ! J’avais d’ailleurs repéré ce problème chez Franck Dive dans sa série Pérismer : beaucoup de lieux ne sont pas (assez) décrits et du coup se représenter les scènes est assez difficile. Ce n’est pas gênant quand le lieu n’est pas important pour la scène, mais quand il est central, c’est plus compliqué !

    De mon côté, j’ai une tendance à toujours vouloir tout décrire donc je dois plutôt aller dans l’autre sens : en mettre moins ! xP

    1. Elodye H. Fredwell

      C’est sûr que, comme un personnage, plus le lieu est important, plus il est essentiel de le décrire au lecteur !
      Ahah je comprends, j’essaye de décrire les éléments les plus importants au moins. Après, je sais qu’au premier jet, c’est jamais vraiment décrit, j’en rajoute à la réécriture 😉
      Merci pour ton commentaire !

Leave a Reply

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.