Ce mois-ci, c’est encore un sujet bien vaste que je vous propose de découvrir. Au mois de mars, je vous interrogeais sur le perfectionnisme en écriture via diverses questions, comme d’habitude. Elles portaient sur les bons et les mauvais côtés, mais pas seulement. Je vous ai demandé ce que vous aviez appris de cette facette de votre personnalité et comment vous l’aviez apprivoisée au fil des années. Décortiquons ensemble tous les aspects du perfectionnisme en écriture !
Note de l’auteur : vous avez été 22 à répondre à mes questions au courant du mois de mars. Je vous remercie beaucoup pour vos réponses très complètes qui me permettent de rédiger cet article !
Le perfectionnisme en écriture : un trait positif ou négatif ?
Les mauvais côtés du perfectionnisme
Le perfectionnisme est un trait de caractère qui est défini par l’envie que notre travail soit parfait. Le perfectionnisme en écriture, quant à lui, se traduit par une satisfaction toujours mitigée sur notre travail. Si bien que nous arrivons jamais à en être fier et que nous nous lançons souvent dans des réécritures interminables.
Cette particularité est souvent vu comme un trait négatif. D’ailleurs, parmi vous, vous êtes 60% soit 12 personnes, à le placer dans cette catégorie. En effet, pour la plupart des artistes, il engendre beaucoup de frustrations. L’on a tendance à se répéter sans cesse que ce que nous produisons n’est pas assez bien. C’est ainsi que nous, auteurs et autrices, nous ne sortons jamais les histoires de nos placards.
D’après vous, le plus gros soucis posé par le perfectionnisme, est que cela vous bloque dans votre création. L’un.e de vous explique que : “c’est un trait qui me mine parfois, me fait douter de ce que j’écris parce que j’ai tendance à voir mes défauts (parfois pas si graves au fond). Cela m’empêche d’avancer à un rythme qui me convient.”. Le perfectionnisme en écriture vous pousse à corriger votre texte jusqu’à atteindre un semblant de perfection et vous empêche véritablement d’avancer. “C’est difficile car je ne suis que rarement satisfaite de ce que j’écris. Du coup j’essaye de rendre ça encore mieux, je ne suis toujours pas satisfaite etc., ça fait un cercle un peu vicieux qui peut entraîner des jours, semaines ou mois sans pouvoir écrire la moindre phrase.”
“L’insatisfaction ne cesse jamais. On recommence encore et encore le roman sans jamais arriver à ce fameux état de perfection que l’on recherche. C’est très frustrant. De plus, cela ralenti les projets, notamment de publication.” C’est un vrai soucis chez nombre d’entre vous. Cela vous pousse à vous remettre sans cesse en question, ainsi que vos écrits. Vous n’écrivez donc plus quand vous en avez envie. Cela entraîne un syndrome de la page blanche, non pas parce que vous n’avez pas d’inspiration, mais parce que votre confiance en vous est bafouée. Vous dévalorisez “votre travail sur simple prétexte que ce n’est toujours pas assez bon, pas assez bien.”
Dernier point que vous avez également abordé dans les côtés négatifs est le suivant : “à force de travailler et retravailler tous mes romans, je finis par les dénaturer, je pense. Je n’arrive pas à me dire que l’un d’eux est terminé et que je dois m’arrêter. Je veux traquer chaque minuscule répétition, quitte à rendre la lecture beaucoup moins fluide. J’oublie l’essence de l’histoire et, une fois que tout est retravaillé, je vois bien que c’est différent, mais pas forcément mieux.”. Et donc, finalement, vous n’êtes pas assez satisfait pour publier l’histoire.
Comme vous le voyez, les côtés négatifs du perfectionnisme en écriture sont nombreux, mais reviennent toujours à cette perfection inatteignable. Mais heureusement, pour chaque point négatif évoqués ci-dessus, il y a son point positif !
Ses bons côtés
Pour 55% d’entre vous, soit 11 personnes, le perfectionnisme en écriture est un trait de caractère vraiment positif. “Je pense que le perfectionnisme permet de ne pas se reposer sur ses lauriers et d’offrir à ses lecteurs un livre vraiment travaillé, et pas juste un premier jet fait à l’arrache, avec des incohérences et des coquilles.” Cela vous pousse à “faire mieux, à avoir envie de [vous] améliorer”. C’est “une assurance que le résultat sera digne d’intérêt.”
Certains d’entre vous voient que vous passez beaucoup de temps sur certains chapitres, à les remanier, à mes embellir. Néanmoins, vous apprenez ainsi que vos erreurs et vous améliorez en continue. Vous vous souciez de ce que vous écrivez et ce que vous partagez à vos lecteurs. Puis, vous rendez un contenu qui vous correspond. C’est un vrai défi ! Cela vous force à vous dépasser, donner le meilleur de vous-même, peut-être adapter votre style et le voir évoluer ! “Le perfectionnisme me pousse à toujours faire de mon mieux que ce soit dans mon travail sur le style/la forme (quelle est la meilleure phrase, le meilleur choix de mots) comme dans le fond (est ce que j’aime l’histoire que je raconte ? Est ce qu’elle est bonne ?)”
Lors du questionnaire, vous avez été 90% à dire que le perfectionnisme vous a beaucoup apporté dans votre écriture. Grâce à cela, “j’ai progressé au niveau de mon style, en essayant de m’améliorer toujours plus pour que la forme de mon récit soit tip-top, sans fautes, incohérences et maladresses, fluide et reconnaissable (personal branding power). De plus, pour certains sujets complexes, j’ai dû faire des recherches approfondies et ça m’a appris de nombreuses choses.”. Pour d’autres, cela vous aide dans vos réécritures : “Il m’a beaucoup aidé à planifier mes révisions / réécritures, à chercher des solutions à des problèmes (untel devrait être plus développé etc), à repérer rapidement les incohérences et à développer ma créativité quelque part, en me forçant à chercher / imaginer de nouvelles choses ou de nouvelles scènes.”
Le perfectionnisme vous a donc aidé à aller plus loin, parfois reprendre à zéro pour repartir sur de bonnes bases ! “Parfois ce blocage s’accompagne de réflexions, me permettant d’enrichir et stabiliser une idée jusqu’ici bancale.”. Le perfectionnisme “aide à éviter des pièges comme les incohérences scénaristiques.”
En fait, comme vous pouvez le lire, il y a autant de bonnes raisons que de mauvaises d’être perfectionniste ! “En un sens, je suis à la fois contente d’être un peu perfectionniste sur les bords. Ça me permet de chercher à m’améliorer, mais dans un autre ça empêche parfois de voir que la production est déjà plus que bien.”
Et si nous creusions, à présent, un peu plus sur ces côtés positifs pour voir en quoi c’est un moteur de progression ?
Le perfectionnisme en écriture comme moteur de progression
Atteindre la satisfaction
Vous avez été nombreux à le rappeler : la perfection n’existe pas. Néanmoins, vous cherchez à l’atteindre en étant perfectionniste en écriture. Vous cherchez à atteindre ce semblant de perfection sur vos écrits, au détriment parfois de votre propre satisfaction personnelle. Mais comment faire pour être satisfait sans que ça ne soit parfait ?
Tout d’abord, il ne faut pas se culpabiliser et être content d’avoir écrit. Quelqu’un rappel notamment qu’il faut accepter “que le premier jet de tout travail n’est qu’une ébauche du résultat final, qu’on ne peut pas sortir un truc parfait du premier coup.” Votre premier jet à le mérite d’exister et c’est déjà un énorme pas !
Pour ma part, j’ai réussi à intégrer ça, que mon premier jet existait, qu’il était fait pour poser les bases de tout le travail qu’il reste à parcourir. J’ai appris à être satisfaite de mes écrits à force d’avoir écrit et réécrit, infiniment, une de mes histoires. Et puis, finalement, un jour j’ai décidé que je voulais avancer, écrire la suite, et que pour cela, il fallait que je mette un point final au premier tome. Je sais qu’il a ses faiblesses et que mon style a évolué, mais tant pis. Il est tel qu’il est et je l’aime quand même.
Pour certains, réussir à être satisfait passe par les retours qu’ils peuvent recevoir sur leurs récits. Ainsi, un autre point de vue vient les conforter dans leurs idées de leur histoire, soit positivement, soit négativement. “Pour moi il s’agit d’une caractéristique essentielle a l’art de manière générale, et d’autant plus à l’écriture. Chercher à se perfectionner c’est chercher à être meilleur qu’on ne l’est déjà. Et qui n’a pas envie de s’améliorer ?”
Apprivoiser son perfectionnisme
Pour finir, je reviens sur certaines réponses données pour vous donner des pistes afin de vous aider à vivre en paix avec votre perfectionnisme, mais aussi à l’apprivoiser. “J’ai cessé de le combattre ou de le vivre comme un obstacle. Paradoxalement, refuser son propre perfectionnisme (parce qu’il nous gêne) est aussi une conséquence du perfectionnisme… On aimerait être soi-même parfait. Alors qu’il faut réussir à s’accepter comme on est; le perfectionnisme est aussi ce qui fait de nous ce que nous sommes. Il vaut mieux trouver des moyens de l’apprivoiser, de le dédramatiser, de le manipuler…”
Mais comment fait-on ? Et bien, voici mes propres conseils que j’essaye d’appliquer dans mes projets :
Écrivez votre premier jet comme il vous vient, sans le relire, sans le retravailler. Menez-le à bien, foncez ! Puis, laissez votre texte se reposer, pendant quelques semaines, voire quelques mois. Et relisez-le. Pour ma part, il m’est arrivé de me rendre compte que c’était bon, que les faiblesses n’empêchaient pas la bonne compréhension de l’histoire. Après, il y a la question du style. Vous allez forcément avoir évolué au niveau de votre façon d’écrire et c’est très bien ! Vous allez alors pouvoir approfondir tout ça dans votre réécriture.
N’hésitez pas à faire appel à des bêta-lecteurs pour avoir des retours constructifs sur votre texte avant votre réécriture. Cela vous permettra de déceler les bons et les mauvais côtés de votre récit, et cela vous aidera grandement à l’améliorer !
Pour conclure, je vous partage une réponse de l’un.e de vous qui dit : “Le perfectionnisme, ce n’est pas pour moi la perfection. C’est simplement toucher au meilleur de ce qu’on peut donner soi même. Pour moi c’est veiller à ce que tout concorde. Veiller à la logique du texte, la logique des personnalités. Au réalisme.” Le perfectionnisme n’est pas toujours une mauvaise chose et ça me semble essentiel que vous vous en rappeliez pour ne plus culpabiliser de l’être !
En espérant que cet article vous aura aidé à déculpabiliser d’être perfectionniste et vous apportera des clés pour l’apprivoiser convenablement !
Remerciements
Merci à Mélany, S. J. Hayes, Manon, Enirtourenef, Azulia, Chloé d’Une Dernière page, Eleanore Ly, Rajasvir, Margot Magguili et toutes les personnes anonymes qui ont pris le temps de répondre à mes questions !
Pour aller plus loin
Si jamais vous connaissez des articles sur le sujet, n’hésitez pas à les partager. Merci !
Ah, ce ****** de perfectionnisme. Le défaut que de nombreux citent en entretien mais ne savent pas vraiment ce que ça cache en tant que véritable défaut. Ce n’est même pas une envie, c’est un besoin compulsif ou presque une épée de culpabilité qui s’abat sur toi si tu ne donnes pas ton maximum pour faire quelque chose qui te tient à coeur (ou sur lequel tu te sens jugé). Et même si tu y arrives, ce n’est jamais assez ahaha ! On peut toujours faire mieux. Il y a toujours quelqu’un de plus doué. Non maitrisé, c’est une horreur. Je ne pensais pas qu’autant de monde en présentait également. Personnellement ça m’a un peu pourri mon écriture (mais il n’y avait pas que cela) et donc je n’ai plus écrit depuis des années. L’énergie du perfectionnisme est bien car elle pousse à s’améliorer et ne rien prendre pour acquis, mais il faut qu’elle soit accompagnée d’une remise en question saine, comme tu le cites : pour savoir s’arrêter et ne plus se basher continuellement. Pire, avec le perfectionnisme parfois on peut passer pour quelqu’un d’arrogant alors que ce niveau d’exigence que nous nous appliquons n’est pas du tout le même que celui que nous appliquons aux autres, qui est normal. ça crée forcément des situations de décalage et de frustration. Il faut savoir s’aimer, et aimer ce que l’on peut faire. Et puis l’écriture est déjà si exigeante (et c’est aussi pour ça que je l’aime), aucun besoin de rajouter une énergie négative ou des ondes de dénigrement de soi. Mais bon, plus facile à dire qu’à faire. Merci pour ton article 🙂
Et toi, perfectionniste ou pas ? 🙂
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