Aujourd’hui, beaucoup d’auteur•ices tendent à vouloir être édités, mais est-ce une vraie généralité et qu’est-ce que représente l’édition pour les écrivain•es ? Est-ce un accomplissement de la vie d’auteur•ices ou bien un passage ? Tous les auteur•ices ont-ils comme objectif d’être édité ?
L’objectif d’être édité
54 personnes ont acceptées de répondre à mes questions pour ce questionnaire autour de l’édition. Parmi elles, 14 sont éditées. Mais nous allons nous intéresser d’abord à l’avis général autour de l’édition.
Parmi ces personnes, 36 ont commencée à écrire sans avoir l’objectif d’être édité en tête et 29 affirment qu’une perspective d’édition ne les motivait pas à écrire. Mais qu’en est-il de leur ressenti face à l’édition ?
Être visible
Pour 32 personnes, l’édition est bel et bien un accomplissement de l’auteur. Le principal argument est bien sûr “être lu par le plus grand nombre”, avoir plus de visibilité auprès du grand public, c’est “un moyen formidable si on veut se faire connaître et partager la reconnaissance de son travail”. “Être édité, c’est être reconnu par des professionnels qui jugent que votre travail a le potentiel pour plaire à un plus large public. (..) C’est la reconnaissance d’un professionnel du milieu qui provoque ce sentiment d’accomplissement.” L’édition, “c’est une fierté de voir son histoire diffusée pour partager un peu de son monde aux autres!” Ce mot, partage, est revenu dans plusieurs témoignage car pour beaucoup, l’écriture est avant tout le partage avec les lecteurs et l’édition peut permettre cela : “avoir plusieurs sortes d’avis sur ses écrits, de l’opinion professionnelle à celle de la masse…”
Concrétiser un rêve
Mais c’est également “l’aboutissement d’un acharnement, de recherches.” C’est “tenir son bébé en main” et concrétiser un rêve. “C’est un passage important dans la vie de l’auteur, qui permet notamment de dépasser le complexe de l’imposteur.” L’auteur que nous sommes peut alors penser “que son texte en vaut la peine” et être satisfait de cette expérience. Et puis, l’édition est un travail d’équipe : “Je n’y connais pas grand-chose en édition (correction, mise en page, création d’une couverture, …) et en communication (promotion notamment). Ce ne sont pas des choses que je maîtrise, du moins pas suffisamment pour m’y atteler seule. Et je n’ai pas les moyens de payer des professionnels.” Dans ce cas, une maison d’édition qui s’occupe de tout peut-être un soulagement.
Etre édité, “ce n’est pas une fin en soi, plutôt un commencement du travail professionnel de l’auteur. Et ce n’est pas nécessaire, on peut s’autoéditer et réaliser de très bons textes. C’est aussi une preuve sociale, en cela qu’être édité aide à paraître sérieux, auprès du public comme des professionnels.”
Écrire pour soi
Certains n’écrivent que pour eux, pas pour les autres, mais pour gagner en confiance, cela fait du bien de se “dire que mon histoire pourrait plaire et l’édition correspond à cela : des gens peuvent aimer une histoire que au début ne plaisait qu’à soi.” L’édition “n’est pas l’unique accomplissement ! Il y en a d’autres qui sont beaucoup plus personnels à mes yeux.” Un auteur complète cette pensée : “Qu’un livre soit édité ne veut pas forcément dire que c’est une perle de la littérature et qu’il plaira à tout le monde. De même que s’il n’est pas édité, ça n’en fait pas une horreur de la plume. Je pense qu’il faut surtout chercher l’accomplissement personnel.”
Néanmoins, comme le rappel un participant, aujourd’hui “la célébrité n’est pas l’accomplissement” et donc cela peut attirer un peu moins. “Si les auteurs ne se faisaient pas autant exploités par les maison d’éditions et n’avaient pas besoin de faire péter les score en matière de best sellers pour avoir une certaine reconnaissance, je pense que je verrais enfin ça comme un accomplissement.” “ “S’il fallait être édité.e pour s’accomplir, alors il n’y aurait que peu d’auteurices accompli.e.s, et il suffit de faire un petit tour sur le net et de découvrir les perles qui s’y cachent pour se rendre compte que des auteurices accompli.e.s, il y en a plein, si on daigne chercher.”
Écrire par passion
Et puis, comme le souligne un auteur, “je pense qu’on peut se sentir très bien en temps qu’auteur sans forcément être publié.” Ou alors, sans être publié dans une maison d’édition. Avec toutes les alternatives au compte d’éditeur, chaque auteur peut trouver son compte (publier en ligne gratuitement, l’auto-édition, demande de dons, etc). Dans tous les cas, “il avant tout écrire pas plaisir, pour ne pas que ce loisir ne devienne un calvaire ni une contrainte.”
“Je n’écris pas pour être acclamé•e, lu•e par le plus possible de lecteurs•trices, validé•e par une institution. J’écris pour conter les aventures de mes êtres d’encre. La publication sur internet répond à toutes mes attentes : je peux partager mes écrits à ceux qui le souhaitent, trouver des retours, faire vivre mon univers… et échapper à tout l’envers du décors de la publication institutionnalisée (…) J’encourage les auteurs•trices qui souhaitent être édité•es à ne rien lâcher, mais je les encourage aussi à ne pas penser leurs textes à travers ce filtre-là. Pensons passion d’abord, édition ensuite…“
“J’aimerais pouvoir dire à tous les auteurs•trices du web que “l’édition ne fait pas l’auteur•trice”. L’édition, c’est un processus qui doit être envisagé séparément, qui n’est pas mauvais ni bon en soi, mais qui doit être séparé de celui de l’écriture à mon sens. Écrivez pour VOUS, pour VOUS faire plaisir, écrivez ce que VOUS avez envie d’écrire, de lire. Si l’idée de tenir votre roman dans vos mains est un rêve d’enfant, NE LÂCHEZ RIEN. N’aliénez pas votre texte à la demande du premier éditeur qui vous dira “je vous prends si…”. Défendez votre univers, votre vision de l’écriture, vos analyses. Acceptez d’améliorer, jamais de perdre votre patte. “
Impossible de citer toutes les réponses, mais beaucoup se rejoignent un ce point : l’édition est un accomplissement, mais pas L’accomplissement final d’un auteur. L’édition apporte beaucoup pour certaines personnes quand d’autres vont se contenter d’écrire pour libérer les histoires qui dorment dans leur esprit. Écrire est déjà un accomplissement en soi. “Si l’édition est l’objectif d’un auteur, alors elle peut représenter un accomplissement. Mais ça signifierait qu’être édité.e est la fin de l’écriture. Sauf que non. L’imagination a ça de magique : elle se renouvelle sans cesse. Donc l’écriture suit aussi avec ou sans contrat d’édition.”
L’écriture sans édition
Parmi les personnes qui ont acceptées de répondre à mes questions, 40 ne sont pas éditées. Sur ces 40 personnes, la majorité (60%) a répondu que l’édition est, en effet, un objectif pour elles. Pour la plupart, ce souhait est présent depuis plus de dix ans ! Mais pour l’autre partie qui ne désire pas tenter l’édition, je leur ai demandé quel est l’objectif qu’ils souhaitent atteindre en écriture.
Se libérer
La principale motivation est la libération. “Exprimer mes sentiments, laisser mon imagination s’exprimait sans barrière. Je me sens mieux après avoir écrit “ “Je souhaite faire grandir mes univers, et écrire quelque chose dont je puisse être totalement fière. Pour moi, écrire est devenu thérapeutique donc je voudrais raconter ce que j’ai à dire d’une manière qui me convienne” “L’écriture est un passe-temps pour moi, même si c’est parfois plus une nécessité. Je cherche à m’évader et à permettre à ceux qui me lisent de s’évader à leur tour. J’écris par passion, parce que j’adore les histoires, j’aime en lire et j’aime contribuer, avec ma petite touche à la toile impressionnante d’écrits que l’on trouve sur Internet.”
Le partage
En second, le partage, comme nous l’avons déjà évoqué : “L’écriture est pour moi une aventure autant individuelle que collective. J’y trouve un sens à ma vie, des cœur humains à explorer, découvrir. Des aventures à vivre avec eux. Sur le plan collectif, l’écriture m’a permis de rencontrer mes plus belles amitiés, d’apprendre autant sur moi-même que sur le monde, d’échanger et de partager avec des personnes que la vie ne m’aurait jamais permis de rencontrer autrement. “
Terminer un projet
Et puis, vient l’envie de faire vivre son histoire, ses personnages, de compléter son univers, mais également de “terminer un projet. Partager mes histoires mais avant ça les ordonner, leur donner vie. Puis d’un point de vue personnel, écrire un roman est un exercice bénéfique : auto-discipline, ne pas avoir peur de l’échec, se dépasser etc. C’est un loisir, une passion que dis-je, qui fait du bien à l’âme. Et c’est une activité à la fois solitaire mais qui crée aussi des liens.”
L’édition est-elle un accomplissement de l’auteur ? Comme toujours, je conclurai par dire que cela dépend de chacun. Pour certaines personnes, c’est un rêve, pour d’autres, c’est loin d’être un objectif à atteindre. Le principal, c’est de trouver sa voie et de savoir ce qui nous plaît. Si c’est éditer notre roman, alors éditons-le ! Si c’est publier gratuitement, alors publions ! Et si c’est simplement écrire pour soi, alors écrivons.
Et je finirai cet article avec cette phrase d’un participant : “Il ne faut jamais se décourager et tenter toujours, retravailler, réessayer et ne jamais se laisser décourager.” Donc, quelque que soit votre objectif, faites tout pour l’atteindre.
Remerciements
Merci à Amalia509, Ascelle, Celine walkowiak, Haley, Melany, Oneirataxia, BringMeBackHome, Clay Langelle, Ashley Plateada, Comet, Julie Levannier, JustLomi, Kate Lyna , KawailyKawaily, L. Williams, Lay, Léa Carroué Auteur, Manon, Margot Magguili, Miss Mimbletohn, Akaracthe, Raj, Sam Tyler, Théo Seguin et toutes les personnes anonymes qui ont pris le temps de répondre à mes questions !
Pour aller plus loin
- Le webzine de Génération écriture sur l’auto-édition : http://www.generationecriture.com/webzine-iv-2
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